Les alignements de Cauria sont bien moins connus que le site préhistorique de Filitosa dans la région du bas Taravo. Pourtant, ce site est bien plus riche en nombre et en variété. Situé sur la commune de Sartène, en direction de Tizzano, le site de Cauria n’est pas réellement mis en valeur à ce jour.

Cauria, un haut lieu de la préhistoire corse

Ce  site fut visité par Prosper Mérimée en 1839 mais c’est seulement entre 1964 et 1968 que Roger Grosjean mit au jour, et restitua cet alignement tel que vous le voyez aujourd’hui. Il dégage, redresse, replante des monolithes pour constituer 2 files parallèles orientées nord/sud, de 11 menhirs, statues-menhirs.
En 1975 cet alignement est classé Monument historique. En 1992, il est acquis par la Collectivité Territoriale de Corse. En 1994, dans le cadre de la valorisation du site par la C.T.C, débutent des fouilles archéologiques dirigées par André D’Annap.
Ces travaux concernent d’abord l’alignement de Rinaghju (à 400 m au sud) puis celui d’I Stantari, à partir de 2001.

Les alignements – I Stantari

Actuellement le site comporte plus d’une centaine de monolithes et fragments dont la majorité est couchée, sous la surface du sol. Ces pierres, essentiellement en granite, ont été extraites d’affleurements rocheux distants de quelques centaines de mètres.
Dans l’état actuel de nos connaissances l’on pourrait raconter leur histoire ainsi :

– Ière phase : érection au Néolithique moyen (vers 4500 – 4100 ans av. notre ère) de petites stèles de 50 à 80 cm de hauteur.
– 2ème   phase : construction d’un   monument comportant deux files   orientées   nord-est/sud-ouest.   Ce   monument   semble antérieur à 1500 ans av. notre ère (âge du Bronze moyen).
– 3ème  phase : construction d’un second monument comportant vraisemblablement   3   files   orientées   nord/sud,   intégrant notamment les   grandes statues menhirs et les   stèles sculptées. On situe le fonctionnement majeur du site au début de l’âge du Bronze final (entre 1300 et 900 ans av. notre ère). A cette époque le plateau de Cauria était densément habité (sites fortifiés et monuments mégalithiques).
–  4ème   phase : le monument se dégrade et tombe en ruines, il serait partiellement détruit entre 200 et 50 ans av. notre ère, pendant la romanisation.-  Enfin, lors d’activités agricoles modernes, certains monoli    es seront remployés dans des murs de clôtures ou de herse –  voisines.

Les statues-menhir et les stèles sculptées

Ces monolithes appartiennent au monument édifié à la fin de l’ âge du Bronze.Ils pourraient évoquer des personnages illustres, des guerriers, des chefs de clans…Les deux statues-menhirs
Elles  ont parmi les plus emblématiques de Corse.Les  deux  sont  similaires  quoique  de  dimensions  et  de  formes différentes.Leur figuration est double : anthropomorphe et phallique.La face orientée à l’est représente un individu qui porte des attributs guerriers : casque à deux cupules, épée, cuirasse ainsi qu’une forme triangulaire interprétée comme   pagne ou cache sexe, soutenu par une ceinture.La face orientée à l’ouest présente un phallus en érection, avec des détails anatomiques précis.Les stèles armées. Trois  stèles ont été identifiées mais deux seulement portent des attributs guerriers, aujourd’hui lisibles.Leur figuration humaine n’étant suggérée que par ces attributs : une épée verticale suspendue par un baudrier, sur la face est, la face ouest n’étant pas sculptée.

Quelle est la fonction des alignements de Cauria ?

Ils sont généralement orientés nord-sud, la face des menhirs et statues-menhirs tournées à l’est. Ils sont situés sur des voies de passage, à la croisée de chemins, sur des cols ou comme dans le cas d’I Stantari, Renaghju et Pallaghju … près de points  d’eau  et de  sources,  et  peuvent  intégrer des  sépultures mégalithiques comme ces deux derniers monuments. Leurs fonctions sociale, commémorative, culturelle, symbolique nous échappent mais leur édification illustre une volonté ostentatoire de marquer un territoire, de s’approprier un espace. Leur implantation qui   n’a   rien   d’aléatoire   témoignerait   aussi   de   préoccupations matérielles et économiques, liées à la survie d’une société.